Saint-Jean-d’Illac va découvrir la Ligue B Masculine avec une grande partie du groupe qui a vécu l’accession l’an passé. Malgré des moyens modestes, le club girondin mise sur la dynamique et un gros caractère pour s’installer à ce niveau.
Il est un peu l’irréductible planqué au cœur de la pinède. Dit comme ça, Saint-Jean-d’Illac, ça ne claque pas d’emblée et ça n’effraie pas grand monde, a priori. Dans quelques semaines, ce petit club niché en banlieue bordelaise va même découvrir la Ligue BM pour la première fois de son histoire. Bizuth donc. Pourtant, l’ASI Volley n’a surtout pas l’intention de traverser cette saison les yeux fermés, avec la peur au ventre, attendant simplement d’avoir mal. A Illac, il y a de la vie, de l’envie, du caractère et des idées pour voir grand. « Je pense sincèrement que les joueurs ont les moyens d’évoluer en Ligue BM. Au vu de nos ambitions cette année, on a juste décidé de remettre l’objectif de monter en Ligue AM à plus tard », glisse dans un joli trait d’humour, l’entraîneur illacais, Anisse Guechou.
Pour mener à bien sa petite entreprise, Illac ne va pas soudain lever une grande armée ou faire tomber d’un coup les gros billets. Avec un budget aux alentours de 550 000 euros, Illac est dans la fourchette basse des clubs de LBM. Mais le club a d’autres visions, une autre conception et il a été capable d’anticipation. Car l’accession au monde pro n’est pas tombée du ciel. Illac s’y est préparé depuis trois ans, Illac l’a désirée. Vainqueurs de la Coupe de France amateur en mai dernier, les Girondins n’étaient pas au bout du plan de vol. « On avait l’objectif de monter. On a essayé d’anticiper sur le mode de fonctionnement, la structure, pour que la marche soit la moins haute possible. Malgré cela, on a conscience que la marche sera très haute. Mais on est très motivés. On a essayé de mettre en place un staff et une organisation pour pérenniser tout ça. On n’a pas atteint l’objectif au bout d’un processus de trois ans pour que ce soit juste un coup et faire l’ascenseur», assure Anisse.
Fleuron d’une petite ville ou d’un grand village de 7 000 habitants, Illac est un moteur. Bien sûr, à Bordeaux, il y a le foot, le rugby, le basket, le hand féminin. Mais à quinze kilomètres de là, il y a le volley, et ce soutien indéfectible de plus de quatre-vingts partenaires privés qui poussent le projet, de plus de soixante bénévoles qui bichonnent le bébé chaque soir de match. Il y a trois ans, Illac présentait un budget de 220 000 euros. Le club a déjà sacrément grandi ! « Quel que soit l’endroit où tu es, les sports que tu as en face, c’est à toi de créer ta place », estime le technicien de l’ASI. « C’est à nous de trouver les éléments motivationnels et conviviaux pour que les gens se sentent bien et aient envie de venir nous voir. A nous de travailler notre force de caractère sur le terrain. A nous de faire évoluer notre salle. A nous de bosser ! »
Depuis lundi, Illac est donc au travail. Avec un groupe presque inchangé par rapport à celui de l’an passé, puisque le club a simplement enregistré trois mouvements, avec les arrivées du Réceptionneur/Attaquant de Mende, Carlos Antony et des centraux serbes, Miroslav Vrban et la récente signature de Vladimir Cedic, vu à la pige à Montpellier la saison passée. « C’est un véritable choix, on ne l’a pas subi », insiste le technicien. « On veut avoir une identité de club et mettre l’humain avant tout. La façon dont on porte le projet est importante. » Avec sept joueurs pros, des étudiants et d’autres qui cumulent les emplois, Saint-Jean doit aussi faire au plus juste économiquement, mais cette vie lui va bien. Anisse croit à ces vertus. « Personnellement, je pense même que c’est une force de travailler autre part, de voir d’autres personnes. Quand tu réussis ailleurs, cela peut aussi t’apporter de la confiance sur le terrain », estime le coach, ancien responsable du centre de formation de Paris, qui a raflé la mise du premier coup pour sa première à la tête d’une équipe senior l’an passé ! « Bien sûr, quand ça marche on est content. Mais je ne suis pas un sorcier. Les joueurs avaient les compétences nécessaires et notre philosophie commune a matché. Cette saison donne de la confiance dans le process qu’on met en place », assure le guide de ces irréductibles girondins, à l’ambition bien cachée au cœur de la pinède.